Parlons argent. Parce qu’une bonne partie du spectacle vivant tire la langue depuis plusieurs années. Parce qu’il ne faut pas que ce soit tabou. Parce qu’on sait que vous vous posez tous la question. Parce que, tout simplement, vous allez devoir déterminer un prix lorsque vous signerez un contrat avec un lieu de représentation.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’une création artistique théâtrale peut se vendre à tous les prix.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des critères objectifs pour déterminer le prix de vente d’un spectacle.
Pour être concret, nous nous baserons sur un spectacle avec cinq artistes et un technicien, avec peu d’éléments de décors et de costumes.
1 – Calculer le « coût plateau »
Tout d’abord, il faut calculer ce qu’on appelle le « coût plateau » de votre spectacle en tournée. Il va correspondre aux frais incompressibles nécessaires à la tenue du spectacle. Il ne comprend pas ce qu’on appelle les VHR (frais de transport, d’hébergement et de restauration) ni les droits d’auteurs/droits voisins.
Il comprend généralement :
- les salaires des artistes et technicien.nes (en respectant les conventions collectives !),
- les frais d’entretien du spectacle (réfection des costumes, des décors)
- les consommables utilisés à chaque spectacle (une bouteille de vin ou des fruits pour le spectacle, du liquide pour machine à fumée…)
Si on prend notre exemple avec cinq artistes et un technicien :
- 5 cachets d’artistes à 160€ bruts → 5 x 160 x 1,55 = 1240€
(1,55 correspond aux charges patronales pour un artiste y compris le coût de la fiche de paye) - 12h pour le technicien à 20€ brut de l’heure (comprenant les heures de conduite de la camionnette) → 240 x 1,65 = 396€
(1,65 correspond aux charges patronales pour un technicien) - 50€ pour l’usure des costumes, des décors et du matériel technique.
1240 + 396 + 50 = un coût plateau de 1686€
2 – Amortir le budget de création
Une fois le « coût plateau » fixé, vous devez y ajouter le coût de l’amortissement du budget de création. Vous devez équilibrer l’investissement initial qui a été utile à la création du spectacle.
Lorsque vous allez réaliser le budget de création (nous y reviendrons dans un futur article) vous allez d’un côté mettre les dépenses et d’un autre côté les recettes. Dans les recettes, vous pouvez avoir des subventions, du mécénat, un crédit d’impôt, mais surtout les produits de la vente du spectacle en cession. A cela s’ajoutera la billetterie si vous exploitez directement le spectacle dans un théâtre.
Au final, le calcul sera assez simple : imaginons un spectacle qui vous coûte 70.000€ en création. Il pourrait y avoir 20.000€ de crédit d’impôt, 12.000€ de subventions, il reste donc 38.000€ à rembourser pour arriver à l’équilibre. Si vous estimez pouvoir vendre 20 représentations en tournée, il faut donc que chaque représentation vous rapporte 38.000€/20 = 1900€.
Votre objectif de prix de vente doit donc être de 1686 (coût plateau) + 1900 (amortissement) = 3.586€.
Ce prix doit être votre objectif moyen mais vous vendrez peut-être des dates à 4.200€, d’autres à 3.000€.
Notre conseil BONUS : Attention à ne pas trop baisser votre prix de cession car cela pourrait desservir à long terme votre stratégie de vente. Le programmateur auquel vous aurez vendu un spectacle à 2.000€ pourrait s’attendre à la même chose pour le suivant, ce qui n’est clairement pas souhaitable.
Enfin, le prix de vente de votre spectacle sera différent du prix d’achat par la salle de spectacle. Ce dernier dépendra de la localisation et d’autres éléments que nous détaillerons très vite dans un prochain article de blog.
Vous êtes perdu.e dans la comptabilité ? Chez Compote de Prod, nous créons, produisons et accompagnons des spectacles vivants depuis près de 10 ans. Nous sommes là pour vous guider, n’hésitez pas à nous solliciter. En attendant de découvrir vos merveilleux projets, bon courage et belle création !
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