Le milieu du spectacle vivant et surtout celui de la comédie musicale fait rêver les foules. Mais la réalité des métiers qui fourmillent sur scène ou en coulisses reste méconnue. Des costumiers aux compositeurs en passant par les régisseurs, Compote de Prod vous propose une galerie de portraits des différentes fonctions que cet univers compte.
Après notre première interview avec Julien Iscache, producteur, et le portrait d’Alban Jarossay, maquilleur-coiffeur, découvrez le profil de Marina Pangos, metteur en scène d’Alice et La Cigale sans la Fourmi.
C’est quoi ton métier ?
Metteur en scène. La personne qui, en accord avec la production, donne la direction dramaturgique et esthétique du spectacle.
Une journée type, ça ressemble à quoi ?
Il n’y a pas de journée type, c’est aussi cela qu’on aime 🙂
Mais si l’on devait donner l’exemple d’une journée chargée en pleine période de création et de montage :
Ça commence par un énième échange matinal avec le constructeur de décors et le scénographe pour se mettre d’accord sur les derniers détails du décor et des accessoires. Ensuite, j’assiste à des essayages de costumes et perruques. Je déjeune avec le technicien lumière pour régler la mise en lumière du spectacle. Puis je mène les répétitions avec les comédiens pour diriger leur jeu, donner vie à l’écriture, chercher et creuser les détails des personnages avec eux. Enfin, j’appelle la chorégraphe pour préparer la prochaine journée de répétitions et adapter le programme selon l’avancée et l’énergie du jour.
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Comment es-tu arrivée là ?
J’ai toujours été très naturellement attirée par la mise en espace et la volonté de rassembler des gens autour d’un projet commun. Au primaire, déjà, je créais une chaîne de radio de l’école avec des sketchs, des chansons. Je faisais aussi de la mise en scène de pièces tirées de contes pour enfants. Je les jouais devant les classes de mon école pour le plaisir d’entendre les élèves rire et les professeurs applaudir.
C’est en tant que comédienne que, quelques années plus tard, j’ai fait la rencontre de Compote de Prod – qui était une association de musical semi-pro à l’époque. Le feeling est tout de suite passé. Ils souhaitaient monter leur première production entièrement professionnelle en proposant une adaptation d’Alice au Pays des Merveilles. Ils m’ont alors envoyé un texte et un morceau chanté du spectacle puis m’ont laissé quelques semaines pour fournir une idée de mise en scène. J’ai été choisie pour faire partie de leur toute première production. Une aventure humaine et artistique absolument merveilleuse qui m’a donné soif et confiance pour la suite.
Pourquoi voulais-tu faire ce métier ?
Je n’ai jamais réellement «voulu faire ce métier», je ne me suis jamais posé la question. Je ne me suis jamais vue grandir autre part qu’au contact d’un plateau, d’une manière ou d’une autre.
Ça signifie quoi pour toi de travailler dans le spectacle vivant ?
Contribuer à une forme de transmission. Participer à une forme de réflexion commune, une possibilité de bousculer les limites (le miennes et celles des autres), de les modifier aussi. C’est aussi une liberté d’aborder tous les sujets, d’approcher tous les aspects de l’humain et de rassembler surtout.
Que préfères-tu dans ton métier ?
L’effervescence d’une équipe qui travaille ensemble sur un projet commun à chaque étape de la création: les joies, les inquiétudes et l’évolution. Voir passer chaque scène du papier au plateau.
Que détestes-tu dans ton métier ?
L’aspect financier. L’aide à la culture est de plus en plus pauvre, les producteurs sont frileux. Certains appellent à la censure à des fins de rentabilité. De plus, être un metteur en scène de sexe féminin de moins de trente ans peut encore parfois poser un problème à la gente masculine. J’ai aussi du mal avec cette forme de solitude que peut parfois ressentir un metteur en scène.
Quels sont tes plans professionnels pour les prochains mois ?
J’ai quelques projets d’adaptation de romans en pièces de théâtre, une mise en scène d’un seul en scène musical féminin et le développement artistique d’une chanteuse française. Rien de trop planifié pour l’instant mais c’est diablement passionnant. Cette dernière phrase résume très bien notre métier d’ailleurs !
[…] – Marina Pangos, metteur en scène : «Donner vie à l’écriture» […]