Crédit Photo : Loïc Bartolini.
Sur scène, un chameau à taille réelle émerge de la brume. Bâti de ferrailles, de tissages et de lourds souvenirs, il draine avec lui les questions existentielles qui pourraîent être les vôtres ou celles de votre enfant de 5 ans. Voici À dos de chameau, un appel à l’aventure qui emprunte autant à Georges Méliès qu’au studio Pixar.
Compote de Prod a le plaisir de produire ce spectacle tout public à la croisée du théâtre, de la musique et de la marionnette grandeur nature en coproduction avec la Compagnie Corne de Brume. Vous pourrez découvrir À dos de chameau à La Fabrik’Théâtre du 7 au 29 Juillet 2023 à 11h50 dans le cadre du Festival off d’Avignon. Réservez votre place !
En attendant, Clément Séjourné, (mise en scène et scénographie), Julie Duquenoÿ (textes) et Zacharie Saal (musique), nous en disent plus sur cette création.
Racontez-nous les prémices de cette création. Comment est né À dos de chameau.
Clément Séjourné : Julie et Zacharie sont venus me voir avec toute la matière qu’ils avaient créé pendant le confinement et m’ont demandé de les mettre en scène. J’ai tout de suite accepté car je trouvais que l’histoire résonnait avec notre époque. Ce texte parle des chemins que l’on prend dans la vie. L’humanité est arrivée à un carrefour où elle doit prendre un autre chemin.
Ensuite, j’ai commencé à rêver sur la scénographie et très rapidement l’idée d’avoir un chameau mécanique à taille réelle s’est imposée car c’est un des personnages principaux mais aussi le vaisseau de ce voyage initiatique.
Zacharie Saal : Je dirais que le spectacle a eu 3 naissances 🙂 Tout d’abord, pendant le confinement, Julie et moi avons écrit quelques chansons inspirées de jouets de notre fils. Puis nous avons créé un fil conducteur… et nous avons joué une première version de ce conte en Normandie, pour les habitants du village dans lequel nous étions confiné·e·s. Ça c’était en mai, juin 2020.
Julie Duquenoÿ : Ensuite nous avons eu envie d’aller plus loin et d’en faire un spectacle. C’est à Clément Séjourné que nous avons tout de suite pensé pour faire la mise en scène. Ça fait très longtemps que nous travaillons ensemble, À dos de chameau sera notre sixième projet ensemble ! Mais pour la première fois, c’est lui à la mise en scène. Alors je me suis mise à l’écriture du texte, bientôt rejointe par mes deux précieux conseillers et collaborateurs Clément et Zacharie qui m’ont aidé à structurer et épicer le texte.
À dos de chameau parle de quête de soi, de quête de sens. C’est un thème terriblement d’actualité et en même temps assez intemporel. Comment l’abordez-vous dans la pièce ?
CS : L’idée d’avoir ce chameau comme vaisseau du voyage est très importante. Au début de l’histoire les trois protagonistes sont dans une quête solitaire. Au fur et à mesure, ils se rendront compte qu’il n’y a qu’ensemble que leurs quêtes aboutiront. Ensemble perchés sur le dos de ce chameau, ils pourront affronter les épreuves et en sortir grandi.
ZS : Par les personnages ! Chacun·e s’est mis des barrières, se limite consciemment ou inconsciemment, et c’est en voyageant, en rencontrant les autres qu’ils vont s’enrichir.
JD : C’est un sujet récurrent dans les contes philosophiques. L’envie était de le rendre accessible à de tous jeunes enfants. Pour moi la poésie est ce que nous gardons de nos imaginaires d’enfants. Dans cet imaginaire où rien n’est impossible, où on est capable de tout. Cet imaginaire qui rend le monde si vaste. Passer par la poésie était un moyen de leur parler directement dans leur toile, de nous connecter directement à leur réseau pour raconter notre histoire.
Pourquoi avoir voulu créer ce chameau articulé ? Quel impact sur les spectateurs attendez-vous de l’objet ?
CS : Je voulais que ce chameau existe pour de vrai, qu’il soit physiquement là, devant nos yeux. A l’heure, où les films d’animation permettent de créer des univers incroyables, je voulais que le théâtre puisse relever le défi de l’incarnation et non de la suggestion, offrir aux enfants la même magie que l’on peut ressentir devant ces films et leur donner le goût de l’art vivant, vraiment vivant.
ZS : Nous avions vraiment envie d’un spectacle jeune public avec une scénographie forte, qui remplit l’espace et l’imaginaire.
JD : Ce n’est pas un objet, c’est le personnage principal du spectacle !
Parlez-nous de votre collaboration avec l’équipe de l’atelier de « La Machine »
CS : J’ai imaginé ce chameau en ayant comme référence le savoir-faire et l’ingénierie des Machines de l’île. Grâce à Julie Coffinières et son compagnon, nous nous sommes retrouvés en contact avec Guillaume Bracquemond, ingénieur pour les machines. Nous avons pu accéder au rêve ultime de la réalisation de cette marionnette géante.
ZS : Julie Coffinières, que vient de citer Clément, est la costumière, accessoiriste et la créatrice des marionnettes du spectacle. C’est elle qui a dessiné le chameau, avec toutes ses singularités et ses spécificités. Guillaume Bracquemond a ensuite conçu la mécanique, le squelette articulé du chameau en se basant sur ses croquis. Une fois le chameau sorti de l’atelier de la Cie La Machine, Julie a sculpté le corps du chameau et Clément s’est occupé de toute la partie arrière, son « barda ». Un travail d’équipe qui a nécessité plusieurs allers-retours pour allier esthétique, ergonomie et faisabilité.
Quelles sont vos inspirations artistiques pour ce spectacle ?
CS : Les inspirations viennent de l’énergie des films « familiaux » des années 90, familiaux dans le bon sens du terme, dans l’idée de rassembler enfants et adultes devant une même histoire, où chacun trouve son niveau de lecture. L’objectif est de faire se rencontrer des univers comme les films de George Méliès et l’énergie des films des studios Pixar.
ZS : L’âge de Glace, L’histoire sans fin, Méliès, Les Goonies, Jean Bellorini.
JD : Pour l’écriture Damasio, Pommerat, et Le Petit Prince.
À dos de chameau est un spectacle accessible dès 4 ans. Quel message que les enfants retiennent de la pièce ?
CS : Qu’il n’y a pas de bon chemin, il n’y a que celui que l’on se crée, qu’il faut savoir écouter son instinct et être ouvert aux rencontres, à ce que « l’autre » peut nous apporter.
ZS : Peu importe la destination tant que l’on est avec les personnes qui vous donnent des ailes.
JD : On résume souvent l’enfance comme le temps de tous les possibles, de la joie, de l’audace, alors que c’est aussi le temps des premières peurs, des premières peines, la découverte des premiers obstacles. Et les premières fois sont souvent les plus difficiles à surmonter. Ce sont celles qui restent et qui marquent. Aussi, mettre l’enfant dans un monde doré et rêvé, c’est mettre beaucoup de pression sur ses petites épaules et annuler ses difficultés. Avec ce spectacle nous voulons leur dire que c’est normal d’avoir des doutes, de penser qu’on a raté, de se sentir découragés. Que parfois on peut s’arrêter et juste en parler. Pour pouvoir mieux repartir. Je pense que la politique du « marche ou crève » dans laquelle nous avons été éduqué est révolue. Ça ne crée pas d’adultes heureux. Nous voulons dire aux enfants : « assieds toi, prends ton temps, tes casseroles seront tes ailes ».
Comme l’équipe d’ À dos de chameau vous souhaitez être accompagné.e pour donner vie à votre création sur scène ? Contactez-nous.
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