On ne parle que de lui : le Coronavirus ou Covid-19 sème la panique partout dans le monde. En Europe, la France est le deuxième pays le plus touché après l’Italie. Si les marchés financiers dévissent, si des écoles et commerces ferment, la vague atteint maintenant le monde du spectacle vivant. Des milliers de représentations sont mises en péril et avec elles, des professionnels, artistes, techniciens, producteurs, intermittents du spectacle, se retrouvent sur le carreau.
Pourquoi des spectacles sont-ils annulés ?
Pour ralentir la propagation de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement a annoncé le samedi 14 mars, la fermeture «jusqu’à nouvel ordre» de tous les «lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays ». Après la décision d’interdire tout rassemblement supérieur à 1.000 personnes, puis la limitation à 99 spectateurs par salle, c’est donc l’arrêt pur et simple de toute vie culturelle qui est décrété.
Des milliers de concerts ou spectacles sont annulés en ce moment partout en France. La décision du gouvernement vient s’ajouter aux inquiétudes des spectateurs, nombreux déjà à déserter les salles depuis plusieurs semaines.
Lorsqu’il s’agissait de limiter les rassemblements à 1.000 personnes, Prodiss, Syndicat National du Spectacle Musical et de Variété avait déjà chiffré les pertes à plus de 250 millions d’euros. Une somme à revoir à la hausse après la fermeture totale.
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Comment les intermittents du spectacle sont-ils impactés ?
Qui dit spectacle annulé, dit artiste ou technicien pas payé. Depuis le début du mois de mars, les contrats des intermittents fondent comme neige au soleil. Ils souffrent d’un manque à gagner immédiat. Certains risquent également de ne pas travailler suffisamment pour obtenir des droits à l’assurance chômage. L’intermittent doit en effet justifier de 507 heures de travail en un an.
« En mars, j’aurai travaillé un jour au lieu de vingt, témoigne par exemple Nicolas Remy, pupitreur lumière dans Nice Matin. Rien que le Mipim [Marché Internationale des Professionnels de l’Immobilier, pour moi, c’était 15 jours pleins. À la fin du mois, j’aurai perdu 160 heures. »
A cela s’ajoute la peur de devoir jouer des coudes encore davantage pour obtenir un contrat. «Des événements vont être reportés mais d’autres non, s’inquiète une intermittente bretonne interrogée par France 3. On va donc être nombreux à chercher des contrats sur un nombre réduit de spectacles.»
Que dit la loi face aux annulations ?
Au niveau juridique, les intermittents sont la plupart du temps engagés sous le régime du CDD d’usage. Un CDD ne peut être rompu avant le terme prévu, sauf, entre autres exceptions, en cas de force majeure. Parce qu’elle est à la fois irrésistible, imprévisible et non causée par l’employeur, l’annulation d’un spectacle pour cause de coronavirus, peut a priori être considérée comme un cas de force majeure. Cependant, certains juristes sont dubitatifs notamment pour les contrats conclus après l’annonce du 8 mars prévoyant l’interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes.
La fin d’un CDD d’usage, à la différences d’autres types de CDD ne donne pas droit à l’indemnité de précarité, sauf si une convention collective ou un accord collectif le prévoit. L’employeur doit en revanche verser l’indemnité compensatrice de congés payés.
Quelles actions sont mises en place pour sauver le monde de la culture ?
Dans un communiqué, le SNES, syndicat national des entrepreneurs de spectacle demande au gouvernement la mise en place d’un fonds d’urgence «à l‘instar de celui mis en place suite aux attentats, afin de soutenir l’activité des entrepreneurs de spectacles, qu’ils soient producteurs, entrepreneurs de tournées, salles de spectacles ou encore cirques ou compagnies ; ainsi que l’emploi du secteur.»
Cette solution est souhaitée par de nombreux syndicats. Plusieurs réunions se sont tenues entre le ministre de la Culture, Franck Riester et les organisations professionnelles. La création d’un fonds de soutien a été esquissée mais non confirmée à l’heure actuelle. Un coup de pouce aux intermittents en réduisant d’un côté le nombre d’heures qui ouvrent droit à l’allocation chômage, et en prolongeant, de l’autre, les droits de ceux qui arrivent au terme de leur période d’indemnisation, est également sur la table.
Non satisfaite de ces échanges, la CGT spectacle invite à maintenir la pression sur le gouvernement.
Muriel Pénicaud, ministre du Travail a annoncé lundi 16 mars un report de la réforme de l’assurance chômage au 1er septembre. Ce changement devant affecter les modalités de calcul des intermittents, ce report était souhaité par beaucoup de professionnels du spectacle.
Comment les intermittents peuvent-ils s’informer et se mobiliser ?
Une pétition rassemblant près de 45.000 signatures demande au gouvernement de «prendre au sérieux cette crise du secteur événementiel». Une seconde pétition espère faire reculer la date limite d’indemnisation des intermittents du spectacle.
Le Syndicat des Cirques et Compagnies de Création (SCC) a quant à lui lancé un formulaire pour recenser les annulations subies par les compagnies. Le SYNPTAC, syndicat des techniciens et administratifs des théâtres et établissements d’action culturelle invite également les personnels touchés à renseigner leur situation en remplissant un questionnaire en ligne.
Un groupe Facebook dédié aux questions liés à l’épidémie dans le milieu du spectacle vivant a été créé le 13 mars. Solidarité spectacle vivant – Covid-19 réunit plus de 20.00 personnes.
Ailleurs, ce sont parfois les spectateurs qui se mobilisent pour sauver la culture. Un Hongrois propose depuis jeudi à ses compatriotes de ne pas demander le remboursement des événements annulés. Le post Facebook relayant sa demande a été partagé plus de 2.000 fois.
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