Bérénice est responsable Diffusion Marketing et Partenariats pour Madam Productions. Son rôle est essentiel, tant pour le fonctionnement d’un théâtre que pour une compagnie de production. Pour en savoir davantage sur ses missions, nous lui avons posé quelques questions.

Peux-tu te présenter, et nous parler de ton parcours professionnel ? Comment es-tu arrivée au métier de développeur marketing dans le secteur culturel ?

Bérénice Renaudie, j’ai 46 ans, je suis maman d’un petit garçon de 3 ans. Je précise car concilier mes deux vies, professionnelle et personnelle, n’est pas toujours simple dans ce secteur qui demande une présence régulière le soir et le week-end, en plus d’une journée de travail classique.

Après des études en communication et marketing, j’ai débuté il y a 20 ans dans la vente d’espaces publicitaires. Il y a 10 ans, j’ai pris un virage vers le spectacle, grâce à une opportunité et une jolie rencontre. J’étais en quête de sens, je ressentais le besoin de faire autre chose.C’est là que j’ai développé un goût et une admiration pour les artisans du spectacle. Depuis peu, je me suis lancée à mon compte en tant que consultante marketing/partenariat, production exécutive et diffusion.

Qu’est-ce qui t’a attiré vers le marketing appliqué au domaine des arts et du spectacle vivant ?

Ce qui m’a attirée et plu dans ce métier, c’est la capacité à convaincre en combinant plusieurs éléments : bien connaître son sujet, sa cible, et tenir compte du contexte, tout en restant créatif. J’essaie d’apporter mon expertise à un secteur qui a un grand besoin de modernisme dans ses moyens de communication. Le secteur du spectacle vivant doit renouveler son public et chaque spectacle doit se différencier dans un océan de projets, le tout dans une conjoncture parfois compliquée. Tous ces défis sont très stimulants.

La culture, et en l’occurrence le spectacle vivant, occupe un rôle capital dans nos sociétés. Le spectacle vivant, c’est avant tout la conscience de l’autre, qui permet un partage d’émotions. Comme j’aime à dire : on ne sauve pas des vies mais on les divertit et c’est presque aussi important, non ?


En quoi consiste exactement le rôle d’un développeur marketing dans une compagnie de théâtre ? Quelles sont tes principales responsabilités ?

Mon rôle de responsable marketing et partenariat consiste à promouvoir les spectacles, attirer de nouveaux publics, et renforcer la visibilité de la compagnie. Concrètement, cela implique de créer des stratégies de communication, des campagnes marketing et développer des partenariats adaptés aux différentes productions, en tenant compte des spécificités de chaque spectacle, de la cible visée et du budget…

Mes principales responsabilités incluent la gestion des partenariats, l’achat média, la création de contenus digitaux et leur diffusion sur divers canaux (réseaux sociaux, newsletters, sites web), ainsi que la mise en place d’actions de marketing pour attirer et fidéliser les spectateurs. Je m’occupe aussi d’analyser les tendances du marché, les comportements du public, ses attentes, l’efficacité de mon plan média, et de collaborer avec les équipes artistiques, de productions, de billetterie, pour assurer que la stratégie marketing soit en adéquation avec la vision artistique.

Peux-tu nous donner un aperçu des objectifs principaux que vous cherchez à atteindre dans votre rôle ?

En résumé, l’idée de créer un engouement autour des spectacles et de rendre la culture vivante et attractive pour tous.tes ! En collaboration avec les attaché(e)s de presse, mon rôle est d’élargir l’audience en créant des connexions, en suscitant l’intérêt et en rendant les spectacles accessibles à un plus large éventail de spectateurs. Le bouche-à-oreille, notamment, joue un rôle crucial dans cette démarche, car c’est LE vecteur le plus puissant de recommandation.

Quels sont les principaux défis que tu rencontres au jour le jour ?

L’un des grands défis est de toucher des publics variés, y compris ceux qui ne sont pas familiers avec le théâtre. Assurer un maximum de public en salle, en communiquant ni trop tôt (les spectateurs achètent en moyenne leur billet 72h avant le spectacle), ni trop peu Mesurer et piloter des campagnes pour les optimiser au mieux. Conserver l’engagement de ces spectateurs sur un lieu, une troupe, une production. La question à se poser c’est : comment fidéliser ce public « acquis » malgré le caractère éphémère des représentations ? Il faut rester curieux, flexible et accepter la remise en question afin d’adapter et ajuster les campagnes en conséquence. Faire preuve de créativité pour faire « beaucoup » avec souvent peu de budget. L’empathie permet aussi de comprendre la vision et les besoins de chaque production.

Quelle est l’importance de la stratégie marketing pour la promotion des spectacles et la notoriété de la compagnie ?

Sauf dans le cadre d’un événement spécifique, comme un festival, ou pour un lieu connu et réputé pour sa programmation, avec un public fidèle ou la présence d’une star incontournable, il est absolument essentiel de promouvoir le spectacle en amont, mais pas trop non plus car le public achète de plus en plus en dernière minute. Il faut ensuite maintenir des actions de relance tout au long de la durée de l’évènement.

Comment élabores tu une stratégie marketing pour un spectacle particulier ? Quels sont les critères à prendre en compte ?

Pour élaborer une stratégie marketing, il est essentiel de bien définir à qui s’adresse le spectacle, donc sa cible, mais aussi son genre. Est-ce un spectacle jeune public, une comédie musicale, un seul en scène, une pièce de théâtre classique ou contemporaine, une création, un retour après tournée ? La période d’exploitation et l’actualité culturelle, et pas que, environnante sont également des éléments clés à prendre en compte pour ajuster la stratégie et capter au mieux l’attention du public.

Il est également crucial d’orchestrer l’ensemble de la communication. Bien qu’il puisse y avoir des opportunités ponctuelles à saisir, il est essentiel de planifier les actions de manière cohérente, afin qu’elles se complètent et créent une présence continue et harmonieuse.

Utilises tu des méthodes de marketing traditionnelles (affiches, flyers, partenariats médias) en complément des outils digitaux ? Si oui, comment les intègres tu?

Les réseaux sociaux sont un formidable outil de communication à moindre coût, permettant un ciblage efficace, en complément des médias plus classiques. Dans certains cas, ils peuvent même devenir le principal, voire le seul canal de communication. Les partenariats permettent quant à eux d’affiner le positionnement et de renforcer la crédibilité du spectacle. Par ailleurs, les affiches et les flyers restent des supports incontournables pour toucher et convertir un public de proximité.

Quelles actions mets-tu en place pour fidéliser le public existant et en attirer de nouveaux ?

Être précis et cohérent sur tous nos supports de communication est essentiel. Cela inclut un site clair, bien structuré et régulièrement mis à jour. Il est également crucial de maintenir un lien fort avec le public grâce à une communication régulière, que ce soit via les réseaux sociaux ou par newsletter, tout en évitant les contenus vides ou sans valeur ajoutée.

Montrer les coulisses, comme la fabrication des décors, des extraits de répétitions ou l’ambiance de travail, permet de maintenir l’intérêt du public jusqu’au prochain rendez-vous. Ces moments privilégiés et exclusifs renforcent l’attachement et l’engagement des spectateurs.

Comment gérer les retours ou critiques du public par rapport aux campagnes ou aux spectacles eux-mêmes ?

On ne les gère pas ! (rire) Les spectateurs sont des électrons libres, tout comme les critiques de presse. On doit composer au mieux et se focaliser sur ceux qui aiment.

Quelles sont les nouvelles tendances marketing dans le secteur culturel et théâtral que tu observes?

Les campagnes marketing passent de plus en plus par des canaux digitaux, que ce soit via les réseaux sociaux, les newsletters, ou les publicités en ligne, ce qui permet de capter l’attention d’un public plus jeune et connecté, avec des contenus créatifs. Elles permettent surtout de mesurer son retour sur investissement. L’usage des données (la fameuse data) permet de mieux cibler les spectateurs en fonction de leurs intérêts et habitudes. Les campagnes deviennent plus personnalisées, offrant des recommandations spécifiques en fonction des goûts du public et donc plus performantes. Travailler avec des influenceurs, qu’ils soient acteurs de la scène culturelle ou simples passionnés, permet de toucher un public plus large et souvent plus jeune. Cette méthode n’est pas toujours évidente à mettre en place car les influenceurs demandent de plus en plus de budget… Les capsules vidéos sur TikTok, Instagram Reels ou encore YouTube Shorts sont de plus en plus utilisées par les institutions culturelles pour partager des moments exclusifs des coulisses, des teasers, ou des extraits de répétitions, comme évoqué plus haut ça permet un engagement plus direct et instantané.